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Dermite Equine
20 mars 2015

Hérédité et reproduction

Hérédité (selon le Larousse en ligne) :

  • Transmission des caractères génétiques des parents à leurs descendants.
  • Ensemble des dispositions physiques ou morales transmises des parents à leurs descendants.

Nous avons déjà vu dans « DERE : les victimes » que la dermite avait un caractère héréditaire, qui n’est pas systématique mais qui existe bel et bien. En fait, ce n’est pas la DERE qui est héréditaire mais le terrain atopique, qui correspond à un risque de développer des allergies. Un enfant dont un parent ou deux parents sont allergiques a plus de chances d’avoir aussi des allergies qu’un autre enfant. Mais ce n’est pas parce que les parents sont allergiques aux chats que l’enfant le sera, il peut être allergique à des aliments ou avoir de l’eczéma… Et les allergies apparaissent parfois sans aucun antécédent familial[1].

« Un enfant ayant deux parents souffrant d’une allergie respiratoire ou cutanée (asthme, rhinite allergique, eczéma) a ainsi 60 % de risque d’être lui-même malade, 30 % si un seul parent est atteint et 15 % si ce n’est le cas d’aucun des deux. »[2]

Cependant, des études ont montré que certaines allergies sont dues à un gène. Or les gènes, ça fait partie de la génétique, ça peut se transmettre. Voici quelques exemples d’études qui ont montré l’implication de certains gènes dans certaines allergies :

  • Des chercheurs de l’Université de Lorraine ont montré que certains variants d’un gène impliqué dans la reconnaissance immunitaire sont associés à un risque d’allergie à la pénicilline.[3]
  • Plusieurs équipes de chercheurs américains, islandais, finlandais, suédois et canadiens ont mis en avant le rôle de certains gènes sur certains chromosomes qui seraient responsables de l’asthme.[4]
  • Et plein d’autres études que je ne vais pas citer parce que j’y pige rien et vous n’y pigeriez surement rien non plus donc ça sert à rien…

Même si ces études sur les gènes et les allergies n’en sont qu’à leurs balbutiements, il est possible que dans 50 ans on ait identifié tous les gènes responsables de toutes les allergies – et peut-être un gène responsable de la DERE ? (il y a eu des recherches en ce sens, certaines pistes ont été relevées, elles restent à explorer). Qu’est-ce que cela impliquerai ? Pour les humains pas grand-chose parce que ça va être compliqué d’interdire les gens qui ont le rhume des foins de faire des enfants. Mais pour les animaux c’est énorme ! Par exemple chez les chiens, il est déjà rentré dans les mœurs des vétérinaires de faire des tests ADN sur les chiens reproducteurs pour écarter de la production de chevaux racés ceux qui sont ont certaines conditions génétiques. Chez les chevaux, dans le cas du cheval de concours, seule la performance compte. Si le cheval est performant il se reproduira,  quels que soient ses autres problèmes de santé (dermite, navicularité …). Chez les chevaux de loisir, on ne réfléchit pas trop, on n’est pas éleveurs, on fait des cocktails des prés et c’est rigolo. (Y’a bien sur un milieu de chevaux de concours de loisir hein, mais là je cite juste les deux extrêmes de l’échelle). C’est pas une raison pour faire n’importe quoi !

dune blog

Dès lors qu’on sait qu’un produit de jument et/ou étalon dermiteux a plus de chances de l’être aussi qu’un autre poulain, ce poulain ne doit pas naître.

1/ Il va avoir une vie très inconfortable. Certaines dermites se gèrent bien (dermites légères, dans des régions clémentes). Mais si ce cheval finit en Bretagne ou en Sologne avec une dermite terrible ? Et s’il finit euthanasié parce qu’il est à sang 10 mois par an ?

2/ le propriétaire de ce cheval, vous ou un autre, va passer des étés de merde, dépenser des fortunes, vous maudire, et être déprimé 10 mois par an.

Par ailleurs, on estime aujourd’hui à 10% la proportion de chevaux français atteints de DERE. Le chiffre monte à 30% en Allemagne ou en Australie selon les estimations les plus élevées. On sait parallèlement que chez l’homme les nombre d’allergiques a doublé en 15 ans et dans 10 ans une personne sur deux sera allergique (cf : cet article).

Si on continue à faire reproduire des chevaux dermiteux sans se poser de questions, vous voyez venir le moment dans 100 ans où TOUS les chevaux seront dermiteux ? Parce que moi je le vois gros come une maison et je serai super contente 1/ de ne plus être là 2/ que mes chevaux ne soient plus là 3/ de ne pas y avoir participé en ayant renoncé à mes plans de reproduction de ma jument.

Face à la DERE, nous sommes TOUS RESPONSABLES. Et quand je vois dans des forums des messages du type « ma jument est dermiteuse, son poulain va bien pour le moment, je croise les doigts », ou « puis-je couvrir ma jument dermiteuse suivie ? Le poulain va-t-il têter quand même ? ». J’ai juste envie d’arracher des têtes. Vous ne pouvez pas vous plaindre d’avoir un cheval dermiteux si vous-même vous participez à la création, diffusion et distribution de chevaux dermiteux. Et quand bien même ce poulain ne serait pas dermiteux, rien ne l’empêche de transmettre le terrain allergique à ses produits.

Les mécanismes de transmission de la DERE ne sont pas totalement élucidés, mais il est prouvé qu’il y a un facteur héréditaire. A VOUS de tirer des leçons de ce que les scientifiques nous apprennent. Je vous en supplie, si vous ne le faites pas pour vous, faites le pour eux : excluez de la reproduction les chevaux dermiteux.

Quelques articles intéressants sur les dérives de l’élevage aujourd’hui :

  • Hypertypes : l’élevage du côté obscur, Amélie Tsaag-Valren, mars 2015, Cheval Savoir n°61
  • Elevage : la couleur à tout prix ? Amélie Tsaag-Valren, février 2015, Cheval Savoir n°60

 

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Commentaires
V
Bonjour,<br /> <br /> <br /> <br /> C'est bien beau d'accuser l'éleveur d'un dermiteux mais il arrive aussi d'acheter un cheval sain de plusieurs années, de le déplacer de qq km seulement, et de découvrir qu'il est allergique aux culicoïdes !! Avoir un cheval sain ne garantit en rien qu'il ne développera jamais d'allergie. J'ai un dermiteux qui a produit deux non dermiteux sur deux produits de 4 et 5 ans. Et j'en connais qui en produit une certaine proportion mais surtout à l'élevage, donc pour moi c'est surtout une question de façon d'élever, de nourrir.
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